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19/01/2012

il y a longtemps

Il y a longtemps que je ne l'avais entendue.

La vraie première fois, celle où l'on entend aussi avec son coeur, c'était dans cette église, j'étais juste au-dessus du choeur et des instrumentistes. Mon voisin m'avait prêté ses jumelles pour les voir mieux encore. Peu avant le concert, le thé partagé dans le café de la crypte m'avait permis d'exprimer, pour la première fois et presque par surprise, mon angoisse de faire naître un enfant sans père.

st martin in the fields.jpg

Après les cantates profanes, celle-ci m'avait soudain emplie d'un bercement grave qui a ensuite accompagné à la maison mes dernières semaines d'attente de mon premier bébé.

La naissance de Matthias reste pour moi indissolublement liée à cette sonatine de l'Actus Tragicus, toute empreinte de profondeur, d'allant et de sérénité malgré le tragique et l'ineluctable qu'elle laisse aussi entendre. C'est sans doute l'alliance de tous ces sentiments qui m'émeut chaque fois.

Hier, quand les premières notes en ont retenti à la radio, j'ai replongé aussitôt. L'hommage à Gustav Leonhardt en proposait une version particulièrement stricte, un peu austère, qui lui convenait bien.

800px-GustavLeonhardt.jpg

Le temps a passé ; je l'ai moins écoutée, mais je sais maintenant que je pourrai la faire jouer à nouveau, et qu'aussitôt je retournerai à ces deux mois d'hiver que l'on dit noirs, qui n'étaient surtout pas tragiques, baignés au contraire de confiance, d'une folle espérance et d'un bien-être que j'ai rarement retrouvé depuis.

L'arrivée de chacun de mes enfants a été marquée par une oeuvre de nature très différente. Je leur en parlerai, et j'ose croire qu'elle marquera leur sensibilité comme j'ai été moi-même marquée. Un première émotion esthétique, avant qu'ils ne trouvent la leur propre, quand ils auront encore un peu grandi.

Commentaires

du coup, je t'écris en l'écoutant (trouvée sur you tube!) merci pour ce post...
il me plonge soudain personnellement dans quelque chose d'indicible...
un morceau que j'ai eu à jouer dans des circonstances particulièrement difficile.
Adolescente, j'ai du jouer seule à l'enterrement de quelqu'un, mon père n'ayant pu s'y rendre et ce fut très difficile.
Je ne peux écouter ce morceau sans détachement et espère ne devoir jamais le rejouer...bien que je l'apprécie beaucoup.

Écrit par : gg | 21/01/2012

Et tu as raison de croire que tes enfants pourront être sensibles à leur morceau à eux, lorsque je flottais encore dans ma bulle protectice, ma maman écoutait un chant de l'époque qu'elle aimait tout particulièrement. Quelques années plus tard, en tant que Chef de Choeur, j'ai ressenti ce besoin quasi vitale de le faire chanter, comme si quelque chose de fort nous liait. Par la suite, ma mère surprise que je fasse chanter ce vieux tube, me donna l'explication. Nayenson est déjà très sensible à un chant créole en particulier que j'aime beaucoup et qui a bercé nos premières rencontres.
Les mots de la musique sont inoubliables même si on ne peut pas toujours savoir pourquoi certains nous touchent plus que d'autres sans explication.
Grosses bises à vous 5

Écrit par : Aurèle | 29/01/2012

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