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19/07/2015

tout là-haut

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Je me souviens que nous nommions Haïti le pays tout là-bas. Nous attendions un petit qui était encore tout là-bas là-bas, et cet ailleurs prenait les couleurs de nos envies, de nos frustrations, de nos peurs, d'un certain imaginaire social, historique, géographique, culturel parfois teinté d'exotisme et toujours plein de questions.

Sept ans après l'arrivée à la maison de cet enfant, cet ailleurs-là est entre parenthèses. Je n'imaginais pas les choses ainsi, mais aujourd'hui encore Alexandre a besoin de faire fusion avec notre foyer et tout ce qui tourne autour, à égalité parfaite avec ses frères. Des questions sur sa couleur de peau émergent parfois, mais tout le reste est soigneusement enfoui et ne ressortira que plus tard. Les évocations du pays tout là bas sont balayées et en écouter la musique clairement inopportun. Je parie cependant que la sauce pwa et les doucelettes du 8 août prochain auront du succès et j'ai un petit truc pour m'en assurer : on invitera les cousins !

En attendant, c'est tout là haut que nous sommes allés passer quelques jours et, avec tout ce vert, ces vaches à clarines, ce fromage délicieux, c'est certain : l'étranger est à notre porte !

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19/09/2012

mères

Elles sont devenues mères en même temps que moi. Nous avons partagé beaucoup des affres de l'attente, de procédures complexes et interminables. Nos enfants ont en commun d'avoir surmonté des épreuves et des ruptures auxquelles d'autres n'auront pas résisté.

Je crois que, comme pour moi, la maternité les transcende. Elles est à la fois exaltation et questionnement incessant.

Aujourd'hui j'ai un an de plus et peut-être...

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13/08/2012

août au balcon

En prenant ces photos l'autre jour, j'ai obéi à la nécessité de capter une lumière, une attitude et la solitude d'un moment.

Et me sont revenues ces autres photos qui datent de 2007. L'émotion qu'elles avaient suscitée en moi a trouvé un écho dans cette nouvelle prise de vue. C'est le même petit garçon, le même silence, le même mystère autour de ses pensées. Et une attente toute tendue vers l'avenir, mélange de sérénité et d'incertitude.

Mais sur la mélancolie qui émane des photos d'Alexandre bébé et qui m'avait emporté le coeur, domine désormais une présence au monde d'une grande force.

Cela fait tout juste quatre ans que nous nous sommes rencontrés et unis pour la vie, lui mon fils, moi sa mère.

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18/06/2012

réussir

La fin de l'année scolaire approche et nous mesurons mieux ce qu'apprendre peut comporter de risque et de mise en danger pour chacun de nous, et encore plus pour ce petit garçon de 6 ans qui voudrait bien, si on l'en croit, rester petit toute sa vie.

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Nous nous sommes tous réunis à l'école, lui, la maîtresse bien aimée de cette année, la gentille de l'an prochain, celui que l'on appelle à la maison "monsieur le directeur" et la dame qui l'aide tous les jeudis.

Alexandre a encore quelques difficultés, mais il ira chez les grands l'an prochain. Il ne quittera pas ses copains et copines et tous les repères qu'il a finalement construits dans ce groupe, et il recevra une aide adpatée s'il le faut et quand il le faudra.

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Il aime aller à l'école et il n'y réussit pas mal du tout, alors que les apprentissages à la maison restent souvent si difficiles.

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Depuis quelques jours, Alexandre sait faire du vélo sans les petites roulettes. Puisse-til pédaler sur tous les chemins, freiner quand il faut et filer à toute allure dans le grand paysage de la vie.

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07/04/2012

les difficultés de l'enfant adopté à l'école - 2

Il faut contrôler impérativement la vue et l'audition de l'enfant.

Quand il y a des problèmes de concentration et d'apprentissage, limiter le plus possible l'usage des écrans (télévision, consoles, ...).

Aider l'enfant à s'organiser : utilité d'un programme rédigé ensemble pour la maison, cadre rassurant.

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Pour les parents :

- savoir se remettre en question quand nos attentes sont trop grandes ou décalées avec ses possiblités.

- poser un regard réaliste et positif sur l'enfant, accepter ses régressions, ses reculs.

- savoir que l'affectif est lié au cognitif.

- lui donner le temps nécessaire, par exemple pendant les devoirs. Si ces devoirs sont trop lourds à gérer, déléguer à une autre maman (voisine,amie, ...) : faire un échange d'enfants par exemple.

- choisir quand on le peut une classe à petit effectif (elles existent dans certains collèges), plutôt qu'une SEGPA, souvent inadaptée.

- ne pas vouloir un bon élève à tout prix, mais bien l'accompagner.

- favoriser l'ouverture sur le monde extérieur, pour qu'à un moment donné il puisse choisir sa voie, se prendre en mains.

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Et ici (clic) : un guide sur l'adoption à l'intention des enseignants.

 

01/04/2012

les difficultés de l'enfant adopté à l'école - 1

J'ai assisté à une réunion portant sur l'enfant adopté et l'école, animée par une psycho-somato-thérapeute spécialiste des enfants adoptés et elle-même maman d'enfants adoptés : Bernadette GAUTIER. Elle est aussi responsable d'une association de soutien à la parentalité : FEAPI - Familles sans tabou.

Je livre ici, telles quelles, les notes que j'ai prises.

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A l'arrivée de l'enfant, l'urgent est de tisser un lien fort : pas d'école immédiatement, même s'il le demande. Etre avec sa nouvelle famille proche (papa-maman-frères et soeurs) le plus longtemps possible. L'idéal : le garder un an. Eventuellement, commencer les apprentissages scolaires à la maison.

Quand difficultés à l'école, encourager, souligner ce qui est bien pour faire remonter l'estime de soi.

L'angoisse des parents quant à la réussite scolaire = une pression énorme pour l'enfant.

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Ce n'est pas parce qu'il a été adopté qu'il a des difficultés, c'est parce qu'il a été abandonné.

Il faut avoir conscience que l'enfant adopté est hors norme.

Les problèmes relatifs à l'espace et au temps sont récurrents chez les enfants adoptés.

La blessure de l'abandon sera toujours présente. L'enfant a toujours l'esprit occupé (inconsciemment) par son histoire, ce qui barre sa vie psychique et intellectuelle. Même si on la lui raconte, ça reste triste. Il a souffert dans son corps d'un manque de maternage.

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Bien faire la séparation "élève" (à l'école) et "enfant" (à la maison).

Eviter "qu'as-tu fait à l'école aujourd'hui ?", préférer "comment t'es-tu amusé à l'école aujourd'hui ?".

Rappel : les devoirs écrits à la maison sont interdits à l'école primaire.

Quand il y a des difficultés à l'école, ça peut prendre trop de place à la maison et parasiter notre relation.

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Il faut laisser l'enfant éprouver son échec. Si on le soutient sans cesse, il ne sait pas évaluer ce qu'il sait faire.

Le manque affectif dans la prime enfance, le temps passé en institution sont des facteurs aggravants.

Si besoin de tout toucher, d'avoir quelque chose dans les mains,c'est parce qu'il ne peut pas se concentrer. Il vaut mieux s'intéresser un moment à ce qu'il a dans les mains, ça le rassurera en lui prouvant que son "objet" existe toujours.

A quoi ça sert d'apprendre si je risque de "désapprendre" = à quoi ça sert de m'attacher si on risque de m'abandonner.

02/06/2010

elles

Elles sont venues en France souffler après l'horreur vécue le 12 janvier dernier et ses conséquences, se reposer, penser quelques instants à autre chose. Elles sont venues pour revoir les timouns qu'elles ont recueillis, parfois - souvent - sauvés de la mort, soignés, nourris, cajolés, pour voir comment l'amour de leur famille adoptive les rend beaux, souriants, épanouis.

Nous avons passé une journée toute douce, j'ai laissé de côté toutes les questions qui me tracassent, j'ai juste voulu partager avec elles une journée de promenades, de jeux, de dialogues à bâtons rompus, comme avec de vieilles amies. J'ai voulu qu'elles trouvent mes enfants beaux, qu'elles soient contentes de les voir rire, courir, jouer, de voir leur complicité, de constater leur fraternité si réelle.

Elles comptent parmi les personnes les plus chères à mon coeur. Grâce à Dixie, je suis devenue maman une deuxième fois. Sans elle, Alexandre sûrement n'aurait pas vécu, et il ne serait pas mon fils aujourd'hui. Joyce et Molly sont les toutes premières que j'ai vues, qui sont venues me chercher le premier jour, si jeunes, si joyeuses et si fortes. Et Laurie, je la revois là-bas, confectionner la brioche à la cannelle dont nous nous sommes régalés ensuite à l'église...

Qu'elles soient ici remerciées pour tout ; nous les porterons toujours dans notre coeur.

 

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Moments simples et si importants ; les photos me font monter les larmes aux yeux.

Merci Carole d'avoir permis cette rencontre.

 

08/08/2009

il y a un an

Il y a un an, j'écrivais cela dans ma chambre à l'orphelinat, Alexandre couché à côté, tout près.
Je relis mes notes aujourd'hui et je frissonne.
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Pétionville, le 8 août 2008


(...) Neuf heures. J'ai mangé un "petit déjeuner haïtien" : quatre toasts beurre (Bridel de Normandie !) - confiture (mangue ?), bu deux tasses de thé, un jus de fruit et une énorme soupe au potiron avec choux, carottes, viande de pot-au-feu et nouilles !


La chaleur est déjà terrible. Une haïtienne me fait des signes, un rouleau à la main. Elle attend une Européenne pour lui montrer des toiles peintes. Je me promène sur la coursive. La rue est tout près, avec une animation presqu'aussi vive que la veille au soir. De l'autre côté de la rue, une impasse étroite où des gens vont et viennent. Une femme est à genoux par terre et fait la lessive.

A l'entrée de l'hôtel, sur la rue, des gardes armés en tenue militaire.

J'écris ces lignes alors que le soir est là, il est 19h30, il fait nuit, et Alexandre près de moi peine à trouver le sommeil. Toutes les fenêtres, munies de moustiquaires, sont ouvertes, et le bruit des insectes et oiseaux nocturnes est assourdissant. Ils ont démarré leur chant tout d'un coup avec la tombée de la nuit. Les pleurs des bébés, de l'autre côté de la cour, les accompagnent.

Vers 10h30, alors que j'attendais à l'hôtel, Molly et Joyce sont arrivées et, m'ayant identifiée, m'ont dit qu'elles allaient me mener vers mon petit garçon. Etais-je prête ? J'ai dit oui, mes jambes flageolaient et j'ai eu du mal à rassembler quelques idées nécessaires pour la simple réunion de mes bagages en vue de les charger dans leur voiture ! Elles m'ont aidée, je suis montée à l'avant, et nous voilà parties, trois filles blanches dans un énorme 4x4, sur une route aussi affolante que celle de la veille. La conduite de Molly est aussi virulente que celle du taxi d'hier soir ; cela semble nécessaire pour affronter les escarpements et aléas d'une route qui monte de façon vertigineuse à l'assaut de la montagne. De part et d'autre, des constructions en béton couvertes en tôles, de nombreux chantiers en cours ou inachevés, et des gens partout qui marchent, transportent des marchandises sur la tête, s'agglutinent à certains carrefours autour de petites marchandes de fruits ou d'objets divers. A une station d'essence, deux taps-taps enluminés se ravitaillent.

Après un quart d'heure environ, l'atmosphère change un peu ; il y a moins de monde au bord de la route, bordée par des propriétés qui se cachent derrière des murs. Je guette un portail vert : il y en a plein et mon coeur bat plus fort à chacun.

La route soudain redescend et la pente est telle qu'une voiture ordinaire ne pourrait vraisemblablement la maîtriser.

Joyce a prévenu Stephanie par téléphone que nous arrivions. Encore un ou deux virages et nous sommes devant la Main House que je reconnais parfaitement. Molly klaxonne, se gare, nous descendons les bagages et on nous ouvre le portail. Je n'ose pas avancer. Molly me pousse jusqu'à un salon où, sur un énorme fauteuil, est assis un tout petit Sanderson, l'album de photos que je lui avais envoyé à la main.

Un sanglot incontrôlable m'empêche d'abord de parler. Je lui fais une carresse sur la main, lui dis "Mwen se manman ou". Il évite mon regard, semble complètement désorienté. Il ne connaît pas cet endroit et sait qu'il se passe quelque chose d'important pour lui, sans vraiment comprendre cependant.

Je lui donne une petite voiture qui l'intéresse peu, puis gonfle un ballon jaune qu'il adopte aussitôt. Stephanie qui a assisté à la scène me propose de passer du temps avec lui, elle reviendra plus tard. Sanderson évite toujours mon regard, surtout quand je lui parle. Soudain, il me montre quelquechose du doigt : une sculpture posée devant la fenêtre. Ca y est, la communication est établie ! C'est magique ! Je joue donc l'étonnée et lui en montre d'autres, en faisant le même geste. Toute la journée, nous échangerons en jouant au ballon jaune et en nous montrant mutuellement du doigt certaines choses.

J'AI RENCONTRE MON FILS !

13/07/2009

adieu couches, bonjour culottes

Aujourd'hui est un grand jour :

avec Alexandre, on a dit adieu aux couches pendant la journée, et l'opération "pot" a été menée avec succès à chaque fois !

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C'était aussi aujourd'hui la dernière visite médicale spéciale adoption au CHU ;

on n'y retournera que s'il y a besoin.

Le bilan est positif :

les méchants parasites semblent enfin éradiqués et mon lutin malin a enfin grossi et grandi au point qu'il frise les courbes normales de croissance : ouf !

(les courbes les plus basses, bien sûr, n'exagérons rien !)

 

20/06/2009

apprendre à parler

Alexandre

coucou, a tur (coucou, les voitures)

a voir a gwo tacteur (on va voir le gros tracteur)

pati, a baille (elle est partie, la balle)

etc...

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Matthias

trop cool (trop cool)

trop fachtoche (trop fastoche)

etc...
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L'apprentissage du langage chez Alexandre fait des progrès très... progressifs, avec de longues périodes de stagnation, et des avancées par sauts. J'ai appris par l'ophelinat que, là-bas, il ne parlait pas du tout ou presque. Ce petit garçon de trois ans n'apprend donc pas le français comme un enfant qui aurait à s'approprier une nouvelle langue, mais comme un bébé qui n'a encore presque jamais parlé. D'ailleurs, il adore les trajets en voiture qui lui donnent l'occasion de faire de véritable vocalises et autres bruits de bouche qu'il semble découvrir à son rythme. Il y a sûrement un lien : il porte tout ce qu'il trouve à la bouche, absolument tout, et quand il n'est pas content ou qu'il est triste, il se ferme sur lui-même en se mettant le pouce dans la bouche, d'une manière si systématique que c'en est étonnant.

 

Quant à Matthias, hum !... Pour lui tout est prétexte à rimer avec "pipi-caca", et nos conversations du moment sont des plus enrichissantes...

 

Et avec cela, un très bon dimanche soir à tous, avec poppy, bien sûr !