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09/12/2008

l'enfant adopté est-il différent ?

Ces extraits viennent du blog du Dr de Monléon, que vous pouvez consulter ici !

43 ans, marié et père de 5 enfants, dont 3 adoptés.

Pédiatre au CHU de Dijon, j'ai fondé en juin 1999, la Consultation d'Adoption Outremer. Première consultation de France pour l'accueil et l'accompagnement pour les enfants adoptés, qui permet le suivi de 1400 enfants.

Chercheur en anthropologie, spécialisé dans les adoptions dans d'autres cultures et tout particulièrement aux Iles sous le Vent (Polynésie Française).

Auteur de : Les deux Mamans de Petirou (éditions Gautier-Languereau, 2001) avec des dessins de Rebecca Dautremer. Naître là-bas, Grandir ici (édtions Belin 2003). Membre du Conseil Supérieur de l'Adoption.

Jean-Vital de Monléon.jpg

 

L’enfant adopté est différent, c’est certain, mais où commencent et s’arrêtent ces différences ?
La première n’est pas à proprement parler médicale, elle est physique, ethnique. De tout temps, l’homme a été surpris par ceux qui ne lui ressemblaient pas : les étrangers. Il l’est encore plus quand un enfant ne ressemble pas à ses parents. A ces étonnements ancestraux, se rajoute le fait que notre société, et plus encore notre spécialité pédiatrique, sont marquées par la génétique. Nous sommes fascinés par la double hélice de Crick et Watson, par le fait que tant de messages soient concentrés sur quelques paires de bases. Cette science, et son essor actuel, sont passionnants pour comprendre le mécanisme de nombreuses pathologies, pour comprendre l’Homme dans son entier. Mais elle ne doit pas être hégémonique et nous faire oublier que la parentalité ne se limite pas à quelques échanges de gamètes ou d’acide desoxyribonucléique.

Environ un enfant sur 150 est un enfant adopté. Pour beaucoup d’entre eux cette adoption nous saute aux yeux, rendue évidente par la différence physique.
Est-ce nécessaire pour autant de les cataloguer et de les enfermer dans un carcan immuable ?
Est-il utile de parler de « vrais » parents pour nommer les parents biologiques, comme si la loi du sang était la seule vérité, alors que la loi française, et surtout les liens créés depuis longtemps, ont permis à une « vraie » famille de se construire, même sans liens du sang ?
Est-il indispensable de supposer, comme cela s’entend encore trop souvent, que tout enfant adopté est un enfant volé ou acheté, alors que la plupart des adoptions se font sans malversations ?
Est-il bien fondé de croire « qu’il a son pays dans le sang », donc qu’il n’a pas sa place en France, alors que ni l’enfant, ni celui qui prononce cette phrase ne connaissent ledit pays ?
Est-ce une bonne idée de féliciter les parents adoptifs : « C’est bien ce que vous avez fait ! », pour un pseudo acte généreux, alors que, plus de neuf fois sur dix, l’adoption est motivée par un problème de fécondité, et que c’est bien un désir égoïste parental qui est le moteur de l’adoption ?
Est-il raisonnable de culpabiliser l’enfant : « Avec tout ce que vous avez fait pour lui ! », quand l’adolescence se passe mal, alors que, comme toute filiation, l’adoption est basée sur une réciprocité ? On ne fait pas des enfants dans le seul but de donner la vie ou de repeupler la planète, mais parce qu’on a envie d’être parent.
Est-il vrai de croire que chaque enfant ou adolescent sera obsédé par la recherche de ses origines, alors que ce problème qui fascine les média est loin d’être un souci majeur pour la plupart des adolescents adoptés ?

Toutes ces petites phrases sont destructrices, les enfants adoptés iront certainement mieux quand notre société les accueillera mieux.

 

Commentaires

Je trouve en effet ces questions très justes et, curieusement, j'ai l'impression que c'est surtout quand il s'agit d'adoption à l'international quelles se posent. Non ?

Écrit par : ingrid | 12/12/2008

très juste! je vais aller voir son blog! le nombre de fois où l'on m'a dit en parlant de Flore : "mais que ferez vous quand elle voudra retrouver ses "VRAIS" parents?" et qu'immanquablement je réponds que ses vrais parents, c'est Marc et moi... Cela m'atteint déjà un peu, mais bon, je suis adulte... mais je déteste tellement l'idée que Flore puisse entendre cela!
bisous
Sophie

Écrit par : sophie | 25/12/2008

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