29/12/2014
faire naître
J'oublierai ces moments de l'accouchement parce qu'on en parle peu et c'est aussi le verbe qui entretient la mémoire. On préfère laisser la place aux mots qui disent la merveille de mettre au monde. Mais faire naître c'est aussi cette peur intense qui m'a prise quand on m'a préparée pour la césarienne, le froid de la salle, l'engourdissement incontrôlable du bas de mon corps, mon bras droit qui tombait et que l'on m'a attaché. Ces larmes que je n'ai pu retenir et qui n'étaient pas des larmes de joie mais de crainte, puis le bébé gluant posé sur ma poitrine. Les jours suivants il y a eu la douleur intense des premières tétées répétée plusieurs fois par jour, la montée de lait et ces seins monstrueusement gonflés qui m'empêchaient de bouger dans mon lit, la cicatrice comme un bol d'eau bouillante dans le ventre lorsque je m'asseyais, et ce soir-là, les tremblements de panique quand je me suis levée toute seule pour aller à la salle de bains.
Mais il y a aussi ce que je ne veux jamais oublier, ce bébé hurlant à peine sorti de mon ventre à qui j'ai parlé et qui soudainement s'est tu pour m'écouter et reconnaître ma voix et cet autre moment, beaucoup plus tard, où je me suis autorisé un baiser, un tout premier baiser sur une petite joue pâle, mini colline, un territoire minuscule et doux que ma bouche immense cernait entièrement.
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04/12/2014
bébé Philippe !
22:49 Publié dans le p'tit frère, maternité | Lien permanent | Commentaires (9)
25/11/2014
dans quelques jours
Dans quelques jours si tout se passe bien, nous ne serons plus cinq mais six. La saison semble parfaite pour se recentrer tous autour de ce bébé qui est maintenant en chemin. La maison est chaude, le feu brûle tous les jours dans la cheminée, le soir on allume les petites lampes. Le jardin s'illumine par endroits de feuillages qui font des taches d'or dans les haies, et les jours gris et les ciels bas s'accompagnent de goûters que l'on partage après que chacun est revenu de sa journée de travail.
Jusqu'au dernier moment j'aurai œuvré pour livrer ces maisons et boucler ce chantier d'école, mais c'est maintenant une question de jours et d'autres priorités se dessinent : réorganiser un stock de bodies et de petits pyjamas doux, replacer le berceau d'osier devant la fenêtre, préparer des bonnets minuscules et laver la chancelière.
Il faut penser aussi à la cantine du plus petit qui sera bientôt grand frère, appeler différents organismes, ressortir le calendrier de l'avent pour que tout soit prêt dès mon notre retour à la maison.
Il faudra que je me souvienne de ces jours si précieux dans une vie de femme, de ses danses du soir et de mon ventre qui se déforme soudain et qui saute, de ces câlins aux grands qui nécessitent des positions particulières, de ces cours de yoga chez la sage-femme, des rendez-vous que constituent les échographies et les examens où l'on vous fait écouter la petite pompe de son cœur qui bat à toute allure.
J'ai travaillé toute l'année sans relâche mais je sais que le plus fantastique travail que j'ai à mener arrive, celui qui demande à mes yeux le plus de courage, qui suscite le plus d'émotions. Ce sera dans quelques jours et, enfin, nous pourrons faire sa connaissance.
16:08 Publié dans le p'tit frère, maternité | Lien permanent | Commentaires (4)
19/07/2014
bientôt 4 : hugh !
C'est le cœur de l'été, les courses dans les champs, le feu du midi certains jours, les grandes chaleurs parfois et même les orages. La piscine est en service et j'ai le cœur tout gonflé quand, depuis ma fenêtre, je les vois passer en courant dans le jardin, à la recherche de tel jouet ou préparant telle activité qu'ils ont conçue ensemble.
J'ai dit hier à Gaël : "je crois que ces enfants-là sont heureux". Il y a parfois des brouilles, des disputes, des zones d'ennui, mais leur complicité est bien réelle et ça m'étonne toujours de voir le petit dernier de seulement 3 ans qui a pris déjà toute sa place dans les jeux de ses frères.
Les fenêtres de la maison sont ouvertes jour et nuit et, même si je travaille toujours, j'ai la sensation de respirer sur un autre rythme.
C'est le cœur de l'été et déjà nous pensons à Noël. Où passerons nous les fêtes de fin d'année ? Serai-je à la maison ? Quand pourrons-nous vraiment prendre les vacances d'hiver que nous avions projetées ? Nous pensons à Noël car alors, si tout va bien, un petit frère sera né.
12:08 Publié dans le p'tit frère, maternité | Lien permanent | Commentaires (6)
06/11/2012
demi-teinte
Et pourquoi ne pas partager ça aussi ici ? C'est aussi notre vie de famille.
Ce petit bébé vers qui nos espérances étaient déjà tournées ne naîtra pas. Les médecins ont dit que c'était comme ça, il n'y a pas d'explication, il n'aura juste pas pu aller plus loin.
Mon âge est un facteur de risque supplémentaire.
Ca a été très rapide, je n'ai été absente qu'une journée. Quand je suis rentrée, mes jambes me portaient avec peine, mais ils avaient déjà tout préparé, la citrouille était creusée avec l'aide de leur papa, les décorations accrochées, le feu allumé.
Comment me plaindrais-je ? Nous avons déjà les plus beaux enfants du monde.
Et s'il arrive encore que les larmes coulent, je sais que bientôt je n'aurai plus les jambes qui flageolent, bientôt je retrouverai mon corps. Je ne verrai plus sur son visage qu'il pleure à l'intérieur. Bientôt nous recevrons nos amis comme prévu.
12:34 Publié dans la vie de tous les jours, maternité | Lien permanent | Commentaires (10)
19/09/2012
mères
Elles sont devenues mères en même temps que moi. Nous avons partagé beaucoup des affres de l'attente, de procédures complexes et interminables. Nos enfants ont en commun d'avoir surmonté des épreuves et des ruptures auxquelles d'autres n'auront pas résisté.
Je crois que, comme pour moi, la maternité les transcende. Elles est à la fois exaltation et questionnement incessant.
Aujourd'hui j'ai un an de plus et peut-être...
21:55 Publié dans maternité, post-adoption | Lien permanent | Commentaires (6)