18/05/2012
flux et reflux
Il y a le poids d'une fatigue qui a pu frôler l'épuisement, et qui tarde à s'éloigner, malgré que Lucien dorme enfin la nuit, du coucher à son réveil le lendemain matin.
Des humeurs chagrines encore, des larmes qui montent pour un rien, des disputes, des découragements face aux tâches du quotidien, des loupers dans l'agenda.
Et il y a les rires des enfants, leur tendresse, leurs bons mots, leurs jeux sans cesse réinventés, leurs courses folles dans les grandes herbes.
Et plein de projets, à peine raisonnables, d'autres enfants plus tard peut-être, la reprise de mon premier métier tout de suite, des musiques à écouter, des histoires à raconter, des recettes à inventer, un monde entier à découvrir, et d'autres promenades le soir avec lui, dans les champs, quand les enfants sont enfin couchés.
12:31 Publié dans la mer et l'eau, la vie de tous les jours, lui | Lien permanent | Commentaires (6)
08/05/2012
"Nos enfants sont nos trésors,..."
C'est une histoire d'adoption, racontée et illustrée par Anne Wilsdorf (éditions Lutin poche).
C'est une adoption peu commune, parce qu'aucune institution étatique ne supervise la chose, aucun document officiel n'a à être rédigé, aucun visa n'est à attendre. Seuls les sentiments président, et la maman, d'abord réticente, se laisse peu à peu convaincre que ce petit bébé tout rose trouvé dans la jungle par la dégourdie Farafina va devenir son dixième enfant.
C'est drôle et tendre, et le livre comporte, comme tout bon livre, un secret : un leitmotiv, qui fait que les enfants ne s'en lassent jamais, et que quand ce livre sort de la bibliothèque au moment du choix du soir, pour la lecture d'avant-dodo, il est toujours accueilli avec le sourire.
Ce leitmotiv, le voici :
"Nos enfants sont nos trésors, nos plus beaux bijoux, ce que nous avons de plus cher au monde."
21:28 Publié dans la vie de tous les jours, Livre | Lien permanent | Commentaires (5)
01/05/2012
la solution de l'énigme
Ces bateaux avaient tous des noms prometteurs, tournés vers le rêve, la poésie, la foi en des rapports humains marqués par la courtoisie et la gentillesse, le bonheur, l'aventure. Le décalage est incroyable, tout emprunt pour moi d'émotion. Ils ont servi à transporter des hommes, des femmes et leurs petits enfants dans le cadre d'un trafic infernal et lucratif, orchestré par les marchands d'ici et les petits rois de là-bas, et destiné à alimenter une main d'oeuvre que la besogne outremer faisait mourir rapidement.
Pendant le voyage, couchés sans pouvoir bouger pendant de longs jours, enchaînés, ils vomissaient, baignaient dans leurs propres excréments, geignaient, criaient de peur et d'angoisse, s'écrasaient l'un l'autre et jamais aucune consolation ne leur a été portée.
Ce n'était que des bêtes.
Quand ils mouraient, on jetait leur corps par-dessus bord.
Mon petit garçon est un descendant d'esclave. Plus tard il lira, il apprendra, il comprendra un peu.
Aujourd'hui, il joue dans ce beau monument dont la ville s'est récemment dotée, un monument comme une traversée, un parcours fait de textes à lire, de pénombre et du clapotis de la Loire que l'on devine toute proche.
Je suis presque sûre d'avoir remarqué que les visiteurs qui quittent le Mémorial de l'Abolition de l'Esclavage de Nantes (clic), quand ils retrouvent la lumière, ont un visage différent, pour quelques minutes au moins.
Félicitations à Sylvie et à Virginie à qui je remettrai prochainement, via la Poste, un double grand prix de winneuses, et merci à tous pour votre fidélité.
17:30 Publié dans Haïti | Lien permanent | Commentaires (8)